La seule grande étude scientifique ayant évalué l’impact du dépistage du cancer de la prostate a constaté que les hommes incités à pratiquer un dépistage sont plus souvent morts d’un cancer de la prostate que ceux qui n’y ont pas été invités. Cette étude a porté sur 46000 hommes suivis pendant 11 ans.
docteur dominique Dupagne
Combien de fois j’ai écrit ou validé des articles qui exprimaient la nécessité chez les hommes de procéder dès 50 ans au dépistage du cancer de la prostate (dosage sanguin des PSA et toucher rectal)… alors que, finalement, si j’en crois mes lectures, il vaudrait mieux pas.
Car, un homme sur deux de plus de 60 ans aurait des cellules cancéreuses dans la prostate (phénomène naturel) et ne développera pas pour autant un cancer. Résultat, 70% des cancers diagnostiqués après dépistage sont des faux positifs… qui vont subir la chirurgie avec souvent des effets indésirables à la clé : impuissance et incontinence.
Même le médecin (Dr Stamey) qui, en 1987, démontrait que l’augmentation du taux de PSA était un signe de cancer de la prostate dit aujourd’hui que ce serait plutôt le signe d’une augmentation bénigne de la taille de la prostate et « que le test entraîne inutilement des milliers de chirurgies qui visent à enlever de minuscules cancers qui pourraient être sans danger pour le patient. »
Conclusion : à trop relayer les messages des sociétés médicales (ici l’AFO, association française d’urologie) ou des instances sanitaires, la presse ne joue plus son rôle d’investigation. On pourrait aussi parler de la communication autour de certains vaccins ou, pendant un temps, de l’incitation au traitement hormonal substitutif de la ménopause.
"PSA : ce dosage n’a pas d’intérêt"